samedi 9 mai 2009

Place Des Arts 7 mai 2009

La grande blonde s'assoit, le swing démarre, le quartette semble bien soudé. Aussitôt les premières rimes énoncées, Anthony Wilson pique un solo, c'est au tour de Diana Krall de s'escrimer sur les ivoires. Elle cite Charlie Parker au milieu de son solo, puis Rob Hurst fait chanter la contrebasse, et voilà les imbrications du batteur Jeff Hamilton. La chanson culmine, jaillit une citation de Miles Davis. Et hop, on en a terminé de Love Being Here With You, madame est contente et rit de bon coeur avant d'être applaudie généreusement.

Le grand orchestre se met alors de la partie, a tôt fait de dérouler la moquette de cordes. Le batteur effleure les peaux, Diana se fait sensuelle. Do It Again, un appel à la chose signée Gershwin. Intro à la guitare, Let's Fall in Love... Le swing et doux, des mains de velours, clapotent avec précision sur un tempo moyen. La pianiste manifeste son contentement à son guitariste, ils reprennent ensemble le bridge façon George Shearing.

Les flûtes et cordes de Claus Ogerman, le standard Where or When se transforme en bossa de luxe, lente et sûre, et pas de piano pendant que madame chante. Elle suggérera néanmoins un petit solo minimaliste, dans les règles de l'art.

À plus d'une reprise, elle remerciera le ciel de travailler avec d'aussi bons musiciens. À plus d'une reprise, elle remerciera la vie d'être aussi bonne pour elle. Et elle nous dira que son mari (Elvis Costello) lui manque, et qu'il viendrait d'atterrir à Montréal.

Le grand orchestre se retire provisoirement, des pièces de Nat King Cole s'ensuivent. Deed I Do, avec une intro très stride. Krall swingue fort, l'attaque est solide, puis la guitare suit, dans l'esprit de l'après-guerre. Le phrasé de la voix est parfait, la dame est habitée par les esprits de ses aïeux, la finale est chuchotée comme la chanteuse sait si bien le faire.

Puis c'est Exactly Like You, avant quoi elle nous a causé de Dexter and Frank, ses fistons jumeaux qui voyagent avec maman dans l'autobus de tournée. «Ils aiment Nat King Cole, ils aiment leur papa.» Le swing redémarre, on s'imagine rouler en grosse Chevrolet sur les autoroutes des fifties.

Un peu plus tard, la musicienne nous offrira une version inspirée de A Case Of You, de Joni Mitchell, l'occasion de nous servir le plus moderne des solos de la soirée.

Et retour au swing endiablé de Devil May Care. Et retour à la bossa royale, gracieuseté de Jobim et Ogerman: Corcovado, devenue Quiet Nights pour le public anglo-américain, tout en délicatesse.

Une soirée magnifique dans le ton du smooth jazz avec la voix d'une chanteuse extraordinaire merci Madame Krall.

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